Friday, January 31, 2014

Genève II annonce le retour imminent des jihadistes tunisiens

Guest contributor, Dr. Alaya Alani, is Professor of Contemporary History at al-Manouba University, Tunisia
 
Genève II ouvre des perspectives et donne une lueur d’espoir aux Syriens qui vivent au rythme du terrorisme depuis plus de trois ans. Cependant, le soulagement qu’ils connaîtraient prochainement avec l’éventuel cessez-le-feu et la fin des hostilités entre les belligérants aurait des effets néfastes sur d’autres peuples arabes dont le nôtre, et pour cause. L’une des retombées de ce congrès international, c’est le retour de nos jeunes jihadistes qui ont servi de combustibles à cette guerre fratricide. 

Ils seront, très bientôt, parmi nous, ce qui veut dire que la scène tunisienne risque fort de suppléer à celle de la Syrie d’autant plus que ces jhadistes ont acquis une expérience indéniable en matière de manipulation d’armes. Les filles parmi eux excellent dans les opérations suicidaires sans compter leurs prouesses dans le jihad du sexe. Donc, il faut s’attendre au débarquement de toute une armada terroriste, comme nous l’affirme note invité qui nous fait part, toutefois, des plans que le pouvoir politique devrait mettre à exécution afin de prévenir ce danger qui gangrène notre société et qui menace de nous faire vivre le syndrome syrien.  
               
-Le Temps : Les Etats Unis viennent de classer Ansar Charia comme étant une organisation terroriste, quelles en sont les répercussions en Tunisie et en Libye en cette période précise?

-M Allani : tout d’abord, cette décision découle de la conviction des Américains que ce courant commence à s’étendre et à menacer leurs intérêts d’autant plus qu’il a un agenda déclaré et un autre qui est occulté. Le premier consiste à lutter contre l’Occident comme le faisaient les Arabes afghans. Quant au second, il se rapporte au soutien des organisations jihadistes surtout ceux qui sont liés à Al Qaeda. Ensuite, le fait de cataloguer seulement Ansar Charia de l’Afrique du Nord et non pas ceux du Yémen et d’ailleurs est l’esquisse d’une mise en garde de ceux des autres pays qui sont, ainsi, avertis qu’ils connaîtraient le même sort si jamais ils oseraient toucher aux intérêts américains et occidentaux sachant que ce courant se trouve dans sept pays arabes. 

D’autre part, le classement de Ansar Charia de Tunisie comme un courant terroriste est une prémisse de démantèlement des camps d’entraînement établis comme des centres de recrutement des jihadistes pour la Syrie, ces centres n’ont plus de raison d’être, étant donné que la question syrienne est, dorénavant, soumise aux négociations et non plus à la guerre. Ce classement constitue, également, un début à l’encerclement des courants jihadistes de Libye après que les rapports solides entre l’islam politique et les jihadistes se sont clarifiés, ce qui est une entrave à l’épanouissement des courants libéraux comme il prépare la mise en place d’un noyau d’une armée et d’une police dont l’entraînement se fait actuellement à l’étranger. 

Ce noyau doit travailler dans de nouvelles conditions qui nécessitent la dissolution de plusieurs milices appartenant aux courants religieux. Il en découle que classer Ansar Charia de Libye comme une organisation terroriste est de nature à faciliter la tâche de constituer ces forces officielles qui dépendront directement à l’Etat et qui seront capables d’imposer la sécurité et la loi. Sur le plan interne, l’incrimination de ces jihadistes va permettre d’aplanir le terrain devant le Dialogue national, de créer des conditions favorables aux prochaines élections et d’installer des institutions démocratiques dans le pays.

-Comment vous expliquez le timing de la décision américaine?

-Il est significatif, car après la crise structurelle que connaît l’islam politique dans les pays du printemps arabe, les Occidentaux craignent que les organisations salafistes jihadistes n’occupent ce vide pour s’installer dans ces pays.  Et il y a des informations qui circulent selon lesquelles ces derniers seraient en train de recruter entre trois et quatre mille Tunisiens et Libyens pour les préparer à accomplir des attentats contre les intérêts occidentaux dans ces deux pays. 

Ce qu’on pourrait remarquer c’est que la coordination entre la Tunisie, l’Algérie et la Libye, qui a pris forme, dernièrement lors de la visite du premier ministre Sellal à la région, était concomitante à la décision de classement de Ansar Charia comme une organisation terroriste. Ce qui veut dire que l’opération de démantèlement du triangle jihadiste, mis en place après le printemps arabe et liant ces trois pays, a entamé sa phase décisive, et il se peut qu’aux prochains jours il y ait des arrestations de quelques symboles de ce courant.  

Mais il ne faut pas oublier que ces organisations jihadistes, dont l’effet peut se réduire, ne meurent pas et attendent toujours des conditions favorables pour reprendre à nouveau leurs activités ; et j’entends par là la faiblesse du pouvoir central, la propagation des manifestations de la marginalisation et de la misère, l’absence des libertés et la médiocrité de l’enseignement. Ce sont les conditions idéales de leur épanouissement.  

-Les informations se sont contredites à propos de l’arrestation de Abou Iyadh, le lieu de cette capture et les parties qui ont exécuté cette mission. Est-ce qu’il était arrêté ou pas, selon vous ?

-Cette question n’est pas importante en soi, ce qui important c’est de savoir, d’une part, pourquoi a-t-on annoncé son arrestation avant la fin d’année 2013, d’une part, et avant sa catégorisation comme terroriste de la part des Etats Unis, de l’autre. L’information de sa capture a perturbé ses partisans en Tunisie qui planifiaient des actes terroristes à l’occasion du jour de l’an, et elle a eu un impact positif sur la situation sécuritaire dans le pays. 

Quant à la Libye, les Américains sont dorénavant convaincus de l’implication de Ansar Charia dans le meurtre de leur ambassadeur à Benghazi et dans les événements de leur ambassade de Tunisie en septembre 2012. D’ailleurs, c’est ce qui explique le fait qu’ils aient inscrit son nom sur la liste du terrorisme mondial. Il s’agit là de questions touchant à leur sûreté nationale et qu’ils ne pourraient, donc, pas négliger. Il se peut que Abou Iyadh soit arrêté par des milices libyennes ou bien placé sous leur contrôle, et qu’il puisse être livré, ultérieurement, après que son organisation est poursuivie et qualifiée de terroriste.  

-Si Abou Iyadh était capturé, il serait livré à la Tunisie ou bien à d’autres parties, d’après vous ?

-Il est demandé par plusieurs pays dont les Etats Unis, ce qui rend les chances de sa livraison à la Tunisie très minimes. Cependant, il pourrait quitter la Libye à travers les frontières du sud mal gardées pour s’installer dans le Sahara africain pendant un certain temps. Je suis persuadé que serrer l’étau autour de Abou Iyadh et des leaders de Ansar Charia à Derna et Benghazi provoquera des dissidences au sein de ces courants entre les tenants du changement du nom  de l’organisation et la limitation de ses activités à la prêche et ceux qui s’attachent à l’action armée et au renforcement de  leur identification à Al Qaeda, et ce courant est majoritaire au sein de ces courants jihadistes dans le monde arabe. Je pense que les organisations de Ansar Charia vont entrer, prochainement, dans une phase de repli et que l’aile radicale va rejoindre directement Al Qaeda, et il se peut qu’on assiste, dans les jours qui viennent, à de nouvelles appellations de ces organisations avec de nouveaux agendas.  

-Quels sont les objectifs de la coordination tuniso-algéro-libyenne dans le domaine sécuritaire entreprise dernièrement ?

-Je crois que la reprise de cette coordination tourne autour de l’échange des informations à propos de l’emplacement de ces courants terroristes dans ces pays maghrébins, des CV  d’un nombre important des jihadistes ayant rejoint Ansar Charia après le printemps arabe et des objectifs proches et lointains des symboles de ce courant et leurs stratégies en Afrique.

-Par quoi expliquez-vous l’intérêt que prêtent les Etats Unis et la France à l’Afrique du Nord?  

-Cette concentration trouve son explication dans la grande importance qu’a l’Afrique, pour l’Europe et les EU, étant donné que ce continent est vierge au niveau des richesses minières et pétrolières. Cet intérêt s’est accru avec l’invasion chinoise grandissante qui continue depuis de longues années et aussi avec l’approche de la date d’épuisement des réserves pétrolières au Moyen Orient qui disparaîtront dans deux décennies et demie.

-L’Algérie a un grand rendez-vous au mois d’avril prochain avec les élections présidentielles, croyez-vous que la menace terroriste soit l’un des thèmes de la campagne électorale ?

-Je pense que les candidats sont face à deux questions majeures, les réformes politiques et économiques et les répercussions sécuritaires au Mali et à l’Afrique du Nord. Pour ce qui est des premières, il va sans dire que seuls les programmes les plus convaincants qui seront acceptés, vu le caractère vital de ces secteurs. Et face aux défis actuels, l’intérêt de l’Algérie réside dans des réformes profondes au niveau de la participation politique et dans le domaine de la presse ainsi que dans la lutte contre la corruption

Dans ce cadre, le procès fait aux hommes d’affaires constitue un avertissement pour tous ceux qui font l’objet de suspicion. La question sécuritaire jouira, également, d’une grande attention d’autant plus que les frontières de l’Algérie avec tous ses voisins connaissent une grande effervescence. Toutefois, elle a, dernièrement, réussi à faire accepter sa médiation entre le mouvement « Azawad » et le gouvernement central du Mali, ce qui aura des conséquences positives au niveau de la maîtrise de la sécurité au nord de ce pays et du renforcement de la lutte contre les terroristes qui pourraient revenir à cette région au cas où ils seraient encerclés en Libye et dans les autres pays du Sahel africain. C’est pourquoi il est dans l’intérêt de l’Algérie de participer à instaurer une stabilité sécuritaire au nord et ce en essayant de persuader le gouvernement central de la nécessité de respecter les droits culturels des habitants de cette région et d’améliorer leurs conditions de vie économique et sociale.

-Le phénomène des filles tunisiennes suicidaires en Iraq et sur les frontières syro-turques s’est propagé ces derniers jours. Faut-il y voir la détermination du courant jihadiste à entreprendre une guerre générale où il ferait participer des hommes et des femmes ?

-Je pense que l’intégration des filles tunisiennes dans ces opérations kamikazes constitue une imitation des filles suicidaires au sein du mouvement Hamas en Palestine. Ce qui est intéressant à savoir c’est que toutes les suicidaires tunisiennes, âgées entre vingt et vingt-quatre ans, ont subi un lavage de cerveau et que la plupart d’entre elles sont d’un niveau culturel très limité. Ajoutons à cela que certaines d’entres elles ont des liens familiaux avec des jihadistes. 

La présence de l’élément féministe tunisien dans ce domaine relate une fragilité à l’intérieur de ces catégories sociales dont on exploite la situation en la quasi absence du contrôle et de la vigilance de l’Etat et de la société civile. Le recrutement de jihadistes femmes a une signification politique et non pas religieux, parce que le jihad, d’après la religion, est exclusivement une affaire d’hommes, les femmes, elles, devraient se contenter de préparer le repas aux jihadistes et de prodiguer des soins aux blessés. Sa participation au jihad en Palestine est justifiée par certains chercheurs par le caractère général de la lutte contre la colonisation israélienne. Cependant, la présence de femmes jihadistes en dehors de ce pays est le produit d’exégèses qui sont exploités par des agendas politiques et partisans et non pas religieux.

-Quelle est la réalité des jihadistes européens ?

-C’est une vérité, et leur nombre dépasse les neuf cents. Ils sont éparpillés en Afrique du Nord et en Syrie, la plupart d’entre eux appartiennent à l’AQMI et à Ansar Charia. Le retour de ces jihadistes à leurs pays constitue un danger pour la sûreté nationale de ces derniers, eu regard aux compétences qu’ils ont acquises en matière de ceinture d’explosifs et les opérations suicidaires, d’une façon générale.  

-Comment devrait-on, à votre avis, traiter les jihadistes se trouvant actuellement à l’étranger et, notamment, en Syrie et qui s’apprêtent à rentrer ?

-Je pense qu’il y a environ trois mille jihadistes tunisiens à l’étranger répartis sur la Syrie, la Libye l’Iraq, l’Afghanistan et le Mali et même la Tchétchénie. Le plus grand nombre se trouve dans la région du Maghreb où leur présence est concentrée en Libye qui abriterait dans les deux mille, et en Syrie où ils seraient un millier. Ailleurs, leur nombre ne dépasserait pas les quelques dizaines. Ce qui est inquiétant c’est que ces jihadistes tunisiens agissent au sein des courants vouant loyauté à Al Qaeda tels que le front Al Nosra, Daâch, connus pour leur extrémisme et leur caractère sanguinaire. 

Le nouveau gouvernement devrait se préparer à leur retour d’autant plus que la poursuite de Ansar Charia en Libye aboutira tôt ou tard à l’expatriation des jihadistes tunisiens. Pour ce qui est de la Syrie, le démarrage de Genève 2 va, certainement, accélérer le retour de ces jihadistes. C’est pour toutes ces raisons que le gouvernement de Mehdi Jomâa devrait penser à la conception d’un programme de réhabilitation de ces jihadistes qui reviendront des champs de bataille syrien et iraquien et aussi libyen. Le programme en question devrait être exhaustif regroupant les dimensions sécuritaire, économique et idéologique, en ce sens qu’il faudrait procéder à des enquêtes autour des processus suivis par ces jihadistes, les armes avec lesquelles ils se sont entraînés et les opérations auxquelles ils ont participé. 

Ce programme devrait contenir des révisions idéologiques auxquelles ils seraient soumis avec la participation d’hommes de religion, de sociologues et de psychologues. il se dégagerait de ces révisions des textes insistant sur la nécessité de se départir de la violence et d’arrêter de s’attaquer au pouvoir en place, et un contrôle sécuritaire de ces jihadistes pour une période pour s’assurer qu’ils ne s’inscrivent pas encore une fois dans l’action jihadiste. Il faudrait, également, leur accorder des subventions pour leur permettre d’intégrer le circuit économique. Je suis persuadé que le gouvernement de M jomâa est capable, avec ses personnalités indépendantes, d’entamer ce programme qui se poursuivra, certainement, avec le gouvernement post-élections.

-Est-ce  que les pays frères et amis de la Tunisie pourraient lui prêter main forte en vue d’encercler le danger terroriste et de permettre à la démocratie tunisienne naissante de se bâtir sur des bases saines ?

-Je crois que la solution de ce problème épineux du terrorisme reste du ressort des Tunisiens et ce à travers l’ouverture de canaux d’un vrai dialogue et le programme dont on a parlé plus haut. Cependant, l’extirper depuis ses racines est un travail difficile à entreprendre tout seul ; pour venir à bout de ce terrorisme, il faut qu’il y ait une coopération à l’échelle maghrébine, arabe et internationale, que ce soit au niveau de la coordination sécuritaire, de l’échange des renseignements, ou bien dans les domaines économiques et sociales. Et dans ce cadre, je crois que le plan Marshall algérien pour la Tunisie sera le plus approprié et le plus efficace pour lutter contre ce fléau du terrorisme.  

Ce plan profite aux Tunisiens et aux Algériens sur le plan économique et sécuritaire. Les pays amis pourraient aussi participer par des investissements variés et l’organisation d’ateliers pour la gouvernance et les moyens préventifs contre le danger terroriste. Concernant les pays du Golfe, on pourrait ouvrir une nouvelle page avec eux après une révision radicale de notre politique étrangère dans le sens d’un réchauffement de nos rapports tiédis avec l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes et l’Egypte

Il s’agit là d’une tâche qui reste possible pour le nouveau gouvernement qui devrait s’éloigner de tout ce qui est de nature à envenimer nos relations avec ces pays, en premier lieu, se pose la question relative à la manière de traiter le dossier des frères musulmans en Egypte. A ce propos, je pense qu’accorder le refuge politique à des éléments appartenant à cette organisation provoqueraient des difficultés énormes à la Tunisie. 

La stabilisation de la situation sécuritaire, l’instauration d’institutions démocratiques à travers des élections transparentes, la réalisation d’une vraie réforme fiscale et la mise en place d’un enseignement de qualité et d’une modernité effective feront de la Tunisie la Suisse des Arabes. Le résultat direct d’une telle politique c’est l’éloignement du spectre du terrorisme de notre pays et peut-être de ceux qui l’entourent, ce qui pourrait constituer une plateforme pour reconstruire l’entité maghrébine qui serait, cette fois-ci, celle des gouvernements et des peuples. La réussite de la lutte contre le terrorisme au niveau du Maghreb pourrait donner l’espoir d’éradiquer ce phénomène à l’échelle arabe.

Le Temps 26 janvier 2014 (quotidien Tunisien indépendant)
Faouzi KSIBI

Wednesday, January 22, 2014

Will the ISIS attacks help unify Iraqi politics?

ISIS truck convoy in al-Anbar Province
When violence dramatically increased this past December after rising tensions between the residents of al-Anbar Province and the central government in Baghdad, and then were followed by attacks by the Islamic State of Iraq and the Sham (ISIS) in al-Falluja, Ramadi and other towns, Western pundits were prophesying the  breakup of Iraq.  Now, just a few weeks later, we see suggestions that the attacks may actually help to politically unify Iraq.  Which perspective is valid?  What can we predict about the outcome of the current crisis?

Several points should taken into consideration. First, the crisis is not one of an al-Qa'ida threat to Iraq.  Second, the crisis is not based in sectarian conflict, but rather is based in a struggle for political and economic power both at the national and sub-national level.  Third, the crisis demonstrates the political impact that the United States can have in Iraq when American policy-makers decide to exert influence in a positive manner.

Finally, the crisis could have a unifying impact on Iraq, but only if the US and the international community hold Prime Minister Nuri al-Maliki's feet to the fire and force him to engage in serious efforts at national reconciliation.  If there is  no follow-through by the US and other international actors such as the EU and the UN, once the crisis subsides, Iraq will return to its politically dysfunctional status.

The  nature of the threat to Iraq is still not clear.  While there is no doubt that ISIS fighters are located in al-Falluja, Ramadi, the al-Khalidiya region and elsewhere in al-Anbar (al-Hayat, Jan. 14), it is unclear how exactly the political and military cleavages are constituted.  On the one hand, some tribes have taken up arms against ISIS while a smaller number have been supporting it.  Many tribesmen fighting ISIS emphasize that their political stance does not indicate support for the Maliki government.  They point out that both ISIS and Maliki's efforts to marginalize Iraq's Sunni Arab community represent equal threats.

On the radical side, there are reports that the fighters that have attacked cities in al-Anbar are not all unified.  Indeed, there seem to be serious cleavages within the attacking groups just as we have seen develop in Syria between ISIS on the one hand, and the Nusra Front (Jabhat al-Nusra), and the Islamic Front (al-Jabha al-Islamiya), on the other.

Further, arguments have been offered that there is  no serious ISIS or al-Qa'ida threat.  Some have argued that the conflict is rooted but rather a dispute among tribal leaders within al-Anbar.  Indeed, a division has already developed among Ahmad Abu Risha, the leader of the original "Awakening" Movement (Sahwat al-Anbar) and the new "Awakening" led by Hamid al-Hayis and Wisaam al-Hardan (al-Sharq al-Awsat, January 20,  http://www.aawsat.net/2014/01/article55327556 ).  al-Hayis and al-Hardan want to demonstrate to Maliki that he should ally with them as they are the real power brokers in al-Anbar.  Thus we see some local political actors trying to gain favor with Baghdad.
Is the Anbar conflict only linked to ISIS/al-Qai'da?
Other commentators see the effort by Maliki to brand the demonstrations and violence directed at the central government as strictly an al-Qa'ida action as part of his strategy of enhancing his bid to gain a third term as prime minister in the parliamentary elections that will be held next April to legitimate attacks by the Iraqi army on the province.  One question that has been raised is why, if there was such a powerful al-Qa'ida threat in al-Anbar, didn't Maliki attack training camps in the desert of Western al-Anbar prior to the ISIS attacks on urban centers.

Why did Maliki attack al-Falluja and Ramadi, thereby threatening to inflict serious causalities on the local civilian population?  Could his strategy be aimed at sharpening cleavages  between Iraq's Sunni and Shi'i Arab communities?  It might also be intended to encourage Iran swing its support to Maliki.  If the al-Qa'ida threat is really serious, as the Iraqi prime minister asserts, then Shi'i voters will be prone to support Maliki in the next elections out of fear.  Iran might decide that supporting Maliki is critical to having a client who not only supports their actions in Syria, but who would also protect their interests in Iraq from a new reinvigorated Sunni insurgency.

While this argument has a definite conspiratorial ring to it, it seems that only the vigorous intervention of the US and other Western diplomatic missions in Baghdad were able to prevent Maliki from ordering an all out assault on al-Falluja and Ramadi (al-Hayat, Jan 11).  Instead, he has retreated to a position that the Iraqi army will avoid such an attack and instead try and reconstitute the Awakening Movement and eliminate the ISIS/al-Qa'ida threat through cooperating with local tribes.

Given the discontent in al-Anbar with the Maliki government which most Sunnis see as sectarian and authoritarian in nature, and the conflict among local tribes - related more to a struggle over political and economic power grounded in sectarian identities, the conflict should be viewed more as a response to central government policies than support of the local populace for ISIS or al-Qaida

As we saw in Baquba in 2006,and more recently in Syria, once ISIS takes power, it alienates the local residents as it has done during the past month in al-Falluja and Ramadi by limiting women's movement outside the home, regulating clothing that men and women wear, denying "forbidden" Western cultural activities such as watching soccer games on television, and imposing its repressive version of Islamic practices on the local populace.  Having already been largely defeated in Syria, it is highly unlikely that ISIS will continue to be able to control any urban centers in al-Anbar.

The second question raised here is whether the present conflict in al-Anbar Province is grounded in sectarianism.  The answer is that it is definitely not.  Some tribes have joined ISIS, most are fighting against ISIS (despite its exclusive Sunni Arab composition), and some tribes are aligning themselves with the Maliki government to gain political and economic benefits.  Indeed, prior to the ISIS attacks, Usama al-Nujafi, the Speaker of the Iraqi parliament, and the most powerful Sunni Arab politician in the country, had entered into a tentative agreement to support Maliki in  the coming April elections in return for becoming president of the republic.  In the present political environment, al-Nujayfi can no longer entertain that type of deal.

More telling is the experiences of Sunni refugees from al-Falluja. While many were unable to go north due to fighting, or west to Baghdad, given army roadblocks, 120 families decided to travel south to Karbala', one of Iraq's most important Shi'i shrine cities.  In the town of Ayn al-Tamar, they were welcomed by Mahfuz al-Tamimi, the mayor (Qaim-maqam), and the town residents.  al-Tamimi offered the Fallujan refugees guest houses in a local tourist village meant for Shi'i pilgrims coming to visit Iraq's shrine cities of al-Najaf and Karbala', while other residents took them to their homes as guests (al-Hayat, Jan 8; Niqash, Jan 16 http://www.niqash.org/articles/?id=3364).

This behavior recalls a conversation that I had with an Iraqi friend from the al-Najaf area who told me that, in the 1990s, after Saddam had suppressed the March 1991 uprising in the south, he began to try and undermine powerful tribes which he feared might take control of the countryside since many Ba'thist officials had been killed during the Intifada.  Reacting to Saddam's actions, the Al 'Issa tribe from the al-Najaf area sent representatives to al-Falluja to meet with shaykhs from the Sunni wing of the tribe, creating contacts that they had not existed prior to the 1990s.  In these meetings the Shi'i and Sunni tribal leaders discussed ways they could cooperate to protect themselves against Saddam's efforts to undermine Iraq's tribal structure.

The important point here is that tribal social and political identities usually cross-cut confessional identities.  Most tribes are much more loyal to tribal custom (al-'urf), than they are to Islamic norms as stipulated by al-Shari'a.  All tribes are proud that they include both Sunni and Shi'i clans. The continued effort  by Western analysts to reduce politics in Iraq and elsewhere in the Arab world to a simplistic sectarain calculus fails to delve deeply enough into the foundations of the crises currently facing the region.

How will the US respond once the ISIS threat to al-Anbar is contained?  It has wisely chosen not to support a full on assault by the Iraqi army on al-Anbar's population centers and it has encouraged Maliki to create an alliance with anti-ISIS tribes in the province.  It does not seem that the Apache attack helicopters that Maliki has requested will reach the Iraqi army any time soon.  This is a good decision because, if he were to use them on population centers, it would be viewed in Iraq and throughout the Arab world as a "Shi'i" attack against Iraq Sunni community, given the Shi'i preponderance in the current Iraqi army.

If, once the crisis subsides, the US pulls back from pressuring Maliki to develop a more inclusive government, it will send a terrible message to the Iraqi leader and the country's political elite.  In effect, it will say that Maliki can rely on the US to come to his aid whenever he utters "al-Qa'ida" and thus provide little incentive for the Iraqi leader to embark on a meaningful policy of national redconciliation.

If this occurs, the US and the international community will have lost an important opportunity to redirect the present trajectory of Iraqi politics.  Reports from al-Diyala province, northeast of Baghdad, where Iraqi army troops and Kurdish Pesh Merga forces had been sparring with each other, indicate that local tribal shaykhs and clerics now welcome a united Iraqi army-Pesh Merga force to fight ISIS infiltrators into the province (al-Hayat, Jan 15).

Meanwhile, Kurdish Regional Government (KRG) president, Masoud Barzani, has offered to mediate the dispute between the central government and al-Anbar Province, a dispute that erupted in full after Maliki ordered the arrest in late December of a very popular Sunni member of parliament, Ahmad al-'Alwani, which resulted in his brother and five members of his security staff being killed in a fire fight with Iraqi army forces.  Barzani's offer presents an opportunity for the Kurds to demonstrate a greater involvement in Iraqi Arab and not just in local KRG politics.

That Maliki has backed down from ordering an attack on al-Anbar and local tribal leaders and clerics in al-Falluja have responded by toning down their anti-government rhetoric is another example of a foundation on which steps toward national reconciliation could be built.

The current crisis in Iraq is largely the fault of the policies adopted by the Maliki government following the March 201 parliamentary elections.  As the saying goes, "the fish rots from the head down."  If the US and the international community are serious about using the current crisis to create a possible turning point in the downward spiral that Iraqi politics has experienced over the past 3 years, then they will need to formulate a long-term common strategy that will continue beyond the point when the firing stops and ISIS is eliminated from al-Anbar.




Sunday, January 19, 2014

The ISIS (al-Qa'ida) attacks and the "blame game" in Iraq


The recent attacks by the Islamic State in Iraq and the Sham (ISIS) have not only have unleashed a stream of violence and mayhem in al-Anbar Province but a torrent of finger pointing and blame as to who is "at fault" for the ISIS assault.  What sense are we to make of what has occurred and who exactly is at fault for what has occurred?  Is there really an al-Qa'ida threat to Iraq?  Is Iraq doomed to sectarian conflict or is there a way out of the present conundrum?

I will argue that much of what is occurring in al-Anbar should be understood as a reaction to Maliki's policies and part of his strategy to mobilize greater support in the Shi'i community so that he can win election for a third term as prime minister in next April's parliament elections (a topic I will elaborate in my next post).

First, let's place the blame where it is most deserved, and that is with Iraqi Prime Minister Nuri al-Maliki who has pursued the most sectarian and statesman like policies that were intended to intimidate his political opposition and eliminate, one by one, any potentially powerful politcian from Iraq's Sunni Arab community who might rise to challenge him the future.

A close second is US policy in Iraq that helped replace the Sunni sectarianism of the Saddam Husayn regime with that of a Shi'i sectarian regime.  Placing political forces in power such as the Supreme Council for the Islamic Revolution in Iraq (SCIRI) - later to change its name to the Supreme Iraqi Islamic Council (SIIC), the Islamic Call Party and the chameleon pro-American secular-turned-pro-Iranian Shi'i sectarian, Ahmad Chalabi, created the foundations for the current crisis.  The responsibility for this policy lies with the former neo-conservative policy-makers in the Bush adminstration.

Following at number 3 is the Obama administration's decision to cooperate (tacitly) with Iran to support Nuri al-Maliki - the loser in the March 2010 parliamentary eelctions -  in his efforts to circumvent  the Iraqi constitution and manipulate the political system to retain his position as prime minister.  The disingenuous efforts of the US  to establish a role for the election's winner, Ayad Allawi - the leader of the al-Iraqiya Coalition - as head of a never to be created National Council of Strategic Affairs (NCSA) created much resentment among those who supported to victorious al-Iraqiya Coalition.  Subsequently, when Maliki reneged several times in establishing the NCSA despite numerous promises to do so, the US did nothing to force Maliki to live up to his word.

Fourth, Iran's support of Shi'i militias in southern Iraq has contributed to destabilizing the country.  Iran has simultaneously intimidated Maliki, who desperately seeks Iran's support in his quest for a third term as prime minister following the next April's parliamentary elections, but also supported his authoritarian policies that are designed to exclude not only the Sunni Arab population but secular Shi'a, as well as the populist Shi'i  base, epitomized by Muqtada al-Sadr Sadrist Trend (al-Tayyar al-Sadri).

Finally, and pulling up the rear, is the Saudi-Gulf Arab-radical Islamist nexus that encouraged Sunni Arab extremism through verbal and material support.  From the 1990s when the Saudis offered Sunni women money for wearing the hijab and men for praying 5 time per day, to their current support for radical Islamist organizations fighting the Bashar al-Asad regime in Syria  - terrorists who double as tyrants and criminals as they behead members of the local populace and steal their property - Saudi Arabia and its Gulf allies have been a force for instability in Iraq.

In trying to attribute for blame over the ISIS attacks in al-Anbar Province, many critics conveniently forget that the Bush administration signed a Status of Forces Agreement (SOFA) with Iraq in late 2008 that required all US forces to leave the country by the end of 2011.  For Senator John McCain and others to argue that the US could have ignored that agreement and pressured the Maliki government to allow American troops to remain ignores the political pressures on the Iraqi prime minister from his main political enemies, the Sadrists, the head of Iraq's Shi'i religious community, Ayatollah Ali al-Sistani, and Iran not to agree to restructure the SOFA.  They also ignore the overwhelming desire of American public opinion at the time for a complete US military withdrawal from Iraq.

When engaging in the "blame game," what should not be  brought into the argument?  First, it is completely disingenous to argue that, had the US been able to leave a residual military force in Iraq - 5,000, 10,000 or 15,000 troops - the current ISIS attacks in Falluja and Ramadi would not have occurred or could have easily been suppressed.  Had US troops remained in Iraq, clearly, none would have  been sent into battle.  Second, even with a residual military force, it is not the number of troops that determines a battle but that politcial strategy that informs the overall conflict.

ISIS has been successful largely becasue it has been able to  capitalize on  Sunni Arab political discontent.  No critics of the Obama administration have addressed the problem of Iraq's current political leadership and the fact that "the fish rots from the head down."  The reason for the success of the anti-American insurgency that began in late 2003 and continued until 2008, as Ahmad Hashim demonstrates so cogently in his study, Insurgency and Counter-Insurgency in Iraq, was a series of destructive policy decisions made by the US after invading Iraq and its total lack of preparation
for occupying and bringing stability to the country.

The United States cannot and should not tell Iraq how to run their security policy.  However, the US is Iraq's main weapons supplier, particularly its providing of jet fighters and attack helicopters.  It is helping Iraq build its navy and training its military and security personnel.  The US is Iraq's main international backer.  If the US is going to provide a high level of assistance to Iraq, it should expect in return that its political leadership's policies should not jeopardize the country's political stability and security, especially when they run counter to both Iraq's and the US' national interests.

In the current instability in al-Anbar Province, a number of analysts have argued that the US should immediately deliver Apache attack helicopters.  Last April, the Maliki government used helicopters tro attack a camp of mostly peaceful protestors (some say a few radical elements had penetrated the camp) near Hawija, outside Kirkuk.  This attack, which killed 42 people, almost all civilians, and wounded 100, was instrumental in setting in motion the angry protests that culminated in the recent ISIS attacks in the cities of al-Fallaja and Ramadi.

Rather than jump every time Prime Minister al Maliki utters the word al-Qa'ida, the US should extract major concessions on pushing for a more inclusive politics before it gives his government further weapons.  Indeed, local analysts have asked why Maliki hasn't spent  more time trying to destroy ISIS camps in the dessert outside Anbar's cities and fear that, should he receive American helicopter gunships, they will be used in urban areas and result in still further civilian causalities.


If the US wanted to maintain a military presence in Iraq after 2011, it created the very problems that prevented that outcome.  In supporting Nuri al-Maliki to retain his position as prime  minister in March 2010, when it still could assert some power, the US tied its interests to a political leader who is authoritarian, maintains close ties to Iran, and consistently places his personal interests ahead of those of the Iraqi citizenry.  The Bush administration was responsible for putting Iraqi carpetbaggers in power and the Obama administration is responsible for maintaining their hold on power.

The ISIS attacks in al-Anbar are not the cause of Iraq's security problems.  Rather they are the outcome of ill devised US policies in Iraq.  Theses policies lead the US to continue to support a narrowly constituted political leadership whose behavior and decisions serve the interests of a narrow elite while offering little in the way of policies that benefit Iraq's long-term political, economic and social development.